Le dernier cycle de violence dans la bande de Gaza entre le Hamas, groupe terroriste palestinien et les forces de défense israéliennes se perpétue par à-coups, même après les appels du président Obama pour un cessez-le-feu inconditionnel. À bien des égards, c'est la poursuite d'un long conflit sanglant qui remonte à la création d'Israël en 1948. Voici quelques rebondissements d'un vieux conflit, largement passés inaperçus :
L'ennemi d'Israël est invisible à l'Occident. Quand était-ce la dernière fois que vous aviez vu un combattant du Hamas sur votre écran de télévision ? Je suis prêt à parier que la réponse est «jamais». Le Hamas n'a jamais permis la visite d'un journaliste intégré. Ses terroristes n'ont jamais publié de vidéos sur YouTube, non plus. C'est presque comme si Israël mettait le feu à l'aveuglette dans la très dense population de la bande de Gaza, sans aucun objectif militaire en vue. L'Occident ne voit que les conséquences dévastatrices des combats à Gaza, mais jamais ce qui a conduit à leur réalisation. Les journalistes dans la bande de Gaza n'ont pas fait un assez bon travail pour expliquer cette dynamique.
La nouvelle politique du Moyen-Orient empêche un cessez-le-feu. Il semble alors qu'Israël est contre le Hamas, mais c'est aussi l'Égypte contre la Turquie et le Qatar. L'Égypte a expulsé la Confrérie musulmane. Le Hamas est une faction dissidente de la Confrérie. La Turquie et le Qatar sont les derniers bastions qui soutiennent la Confrérie suite à l'effondrement du mouvement durant le printemps arabe. Ces acteurs sont maintenant verrouillés dans une lutte acharnée sur les termes d'un accord de cessez-le-feu et sur l'avenir du mouvement. La Turquie et le Qatar veulent des conditions favorables au Hamas que l'Égypte, qui partage une frontière avec la bande de Gaza, ne pourra pas respecter. Plus cela dure, plus l'impasse se complique et le sang sera versé à Gaza.
Les roquettes du Hamas sont des roquettes iraniennes. Les roquettes que le Hamas tire sur Israël depuis la bande de Gaza portent des empreintes digitales iraniennes. Les gammes de missiles à longue portée M302 et M75 ont atteint le Hamas grâce à la contrebande, courtoisie de l'Iran. Le Hamas a des capacités de fabriquer indépendamment des roquettes grâce à la formation iranienne. Le speaker du Parlement iranien Ali Larijani en a beaucoup parlé la semaine dernière. Cela n'est guère surprenant. Mais voici ce qui l'est : L'Amérique a délesté ses sanctions contre l'Iran afin de se conformer aux questions techniques sur le programme nucléaire illicite iranien pendant que le Hamas stockait des armes iraniennes. En d'autres termes, la suspension/allégement des sanctions américaines a indirectement subventionné les roquettes iraniennes du Hamas.
Washington semble confus. L'Iran n'est malheureusement qu'un exemple de l'embrouillement de la politique étrangère américaine. Le président a vacillé dans l'application de sa «ligne rouge» en Syrie l'année dernière, et n'omettons pas l'échec des pourparlers de paix menées sous l'aile américaine entre les palestiniens et les israéliens en Avril dernier. Le Secrétaire d'État John F. Kerry s'y est accroché admirablement depuis le déclenchement du conflit de Gaza, luttant pour un cessez-le-feu. Il créa une tempête diplomatique le samedi, en approuvant un plan de cessez-le-feu du Qatar et de la Turquie, qui n'a servi qu'à aliéner d'avantage les israéliens, les égyptiens et tous les autres.
Le Président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pourrait être le grand gagnant. M. Abbas a été écarté récemment. Il a déménagé sa famille en Jordanie, alors que la Cisjordanie s'insurgeait contre les opérations terrestres israéliennes dans la bande de Gaza. Certains disent qu'il n'est pas pertinent, mais il ne l'est pas. Il est toujours le yin palestinien modéré comparé au radical yang du Hamas, et l'Occident l'aime pour cela. Les israéliens l'aiment moins, mais il est toujours leur premier choix parmi les dirigeants palestiniens. M. Abbas en est conscient et c'est ce qui explique pourquoi il insiste sur le fait qu'il est le seul qui peut instaurer le calme. Il a, nul doute, des motifs secrets. Il cherche à reprendre le contrôle de la bande de Gaza, que le Hamas a usurpé en usant la force en 2007. C'est un œil au beurre noir pour M. Abbas qu'il n'oublie pas. Dans ces eaux troubles, il risque bien de bénéficier de l'affaiblissement du Hamas par Israël. Selon le jeu diplomatique, il pourrait même assumer une responsabilité importante dans la bande de Gaza, et encore trouver le temps de trainer les israéliens à la Cour pénale internationale pour ce qu'il appelle «crimes de guerre» à Gaza. Parlez-donc d'une fin glorieuse pour M. Abbas.
Une catastrophe humaine a été évitée. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne voulait pas de cette guerre. Il a retardé un assaut au sol à plusieurs reprises avant de céder finalement, suite aux dommages considérables causés à sa coalition au pouvoir. Il ne fait aucun doute qu'il se sent néanmoins, légitimé. Depuis l'initiative terrestre, les israéliens ont découvert quelque trois douzaines de tunnels sophistiqués serpentant en territoire israélien. L'objectif du Hamas était de lancer un assaut terrestre coordonné. Cette guerre, si pénible pour Israël, a empêché une attaque surprise qui aurait culminé en hécatombe, comparé au prix qu'Israël paie à l'heure actuelle.
Les forces terrestres israéliennes sont de retour. La guerre de 2006 avec le Hezbollah était une pilule amère pour l'armée israélienne. Ils ne s'étaient pas préparés à une guerre au sol et ont été battus. Pas aujourd'hui. L'Opération « Bordure de protection » peut ressembler à une crème à raser commerciale, mais il est indéniable qu'Israël domine le champ de bataille. La technologie israélienne remarquable a contribué à cet effort, comme le système de fusée de défense « Dôme de Fer » et le système anti-missile Trophy qui protège les chars israéliens. En bref, cette guerre est là pour ré-établir la dissuasion israélienne. Plus important encore, elle restaure le moral dans un pays où l'armée est une institution centrale.
Cette guerre est soutenue par 86,5%t d'israéliens. C'est un nombre incroyable pour un pays où chacun a son mot à dire. Les israéliens n'arrivent pas à s'entendre sur la couleur du houmous. Une succession d'émissions de news démontre qu'il est clair que la grande majorité des israéliens voient en cette opération, la clé de leur sécurité à long terme. Les menaces de sanctions ou de tribunaux de crimes de guerre ont peu de sens en ce petit pays où la survie est sur la ligne. Le public israélien veut que Tsahal finisse le travail de destruction des tunnels et des stocks de roquettes avant d'affronter les défis politiques et juridiques qui ne manqueront pas de suivre.
Trois semaines de guerre n'ont fait que renforcer l'amertume des deux côtés de ce conflit. Ceci n'est pas nouveau. Mais il est clair que les autres dynamiques impliquées diffèrent de celles des guerres antérieures.