Comme le président Obama l'avait clairement souligné dans son discours d'état d'Union le mardi, les responsables américains sont raisonnablement confiants qu'ils ont l'Iran là où ils le veulent. Ils prétendent que l'économie iranienne est ébranlée par une baisse de 60% du prix du pétrole – l'avoir le plus précieux de Téhéran, qui représente environ 50% de son budget d'état.
La Maison Blanche et ses alliés, dans leur effort continuel d'empêcher le congrès d'adopter de nouvelles sanctions contre l'Iran, emploient maintenant la chute du prix du pétrole à leur avantage. Ils soutiennent que les marchés pétroliers infligent une grave dépression économique à la République islamique, et qu'elle devrait suffire pour convaincre l'Iran de parvenir à un accord sur le nucléaire.
Il s'agit là d'une histoire fascinante et avantageuse pour une administration qui a menacé d'apposer son veto sur toute nouvelle législation du Sénat qui infligerait des sanctions supplémentaires à l'Iran si aucun accord n'est atteint avant la date limite de Juin 2015 déterminée par la Maison Blanche. Le problème est que l'histoire ne tient pas.
Il s'avère qu'Ali Khamenei, guide suprême de l'Iran, est parvenu à survivre pendant trois ans sans avoir le plein accès à ses revenus pétroliers de l'étranger. En Février 2012, les sanctions américaines avaient à peine commencé à bloquer les profits pétroliers de l'Iran grâce à une manœuvre peu claire, concoctée par les législateurs et les fonctionnaires du Trésor. La législation sur les sanctions, visant à faire pression sur l'Iran à renoncer au programme nucléaire illicite, les pays clients du pétrole iranien devaient pour payer leurs achats avoir recours à des dépôts fiduciaires dans une poignée de pays : la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud, la Turquie et Taiwan. Les fonds étaient alors disponibles à l'Iran, mais seulement pour l'achat de produits locaux de ces pays, ou de marchandises humanitaires chez d'autres. Par exemple, les raffineries chinoises ont dû payer pour le pétrole iranien en yuan déposé dans les banques chinoises, et l'Iran pouvait utiliser le yuan pour faire du shopping en Chine, tant que ces errances de shopping n'impliquent pas l'achat de marchandises passibles de sanctions (par exemple, en aciers maraging pour le développement des centrifugeuses perfectionnées).
Ce système a bien fonctionné pour les principaux clients du pétrole iranien, qui pouvaient encore acheter des quantités approuvées de pétrole iranien sans pénalités, tant que ces achats s'amoindrissaient de façon significative avec le temps, et stimulaient en parallèle leurs exportations. Cela n'a pas si bien fonctionné pour le chef suprême iranien. Il lui était impossible de rapatrier une partie des fonds de pétrole existants dans ces dépôts fiduciaires bloqués à l'étranger, estimés à plus de 100 milliards de dollars. Les recettes pétrolières mensuelles amoncelées dans ces comptes n'ont pu être dépensées assez vite parce que l'Iran ne trouvait pas suffisamment de marchandises valides qu'il voulait acquérir de ces six pays (l'Europe, étant la zone commerciale préférée de l'Iran, lui était de beaucoup, restrictive). En fait, le Département du Trésor estime que l'Iran ne pourra dépenser qu'environ la moitié de ses revenus cycliques pétroliers mensuels sur les importations en 2013, laissant le reste s'accumuler dans des comptes de dépôts fiduciaires.
Tout cela changea en Novembre 2013 après que l'Iran et les cinq puissances permanentes du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne aient conclu un accord nucléaire intérimaire. Selon cet accord, il a été décidé qu'à partir de Janvier 2014, le P5 + 1 restituera à l'Iran $ 700 millions de dollars par mois de ces dépôts fiduciaires provenant des revenus semi-restreints du pétrole. Le 30 Juin 2015, lorsque l'extension actuelle de l'accord intérimaire expirera, l'Iran aura reçu plus de 12 milliards de dollars de ces comptes fiduciaires qu'il dépensera comme il le souhaite. En addition à ces paiements et à d'autres formes d'allégement de sanctions directes, l'accord intérimaire mettait également un frein à la nouvelle escalade des sanctions américaines qui avaient plongé l'Iran dans une profonde récession, exacerbée par une monnaie en chute libre et l'hyperinflation.
La crise économique iranienne était le meilleur effet de levier de l'Amérique pour contraindre l'Iran à faire des compromis sur son programme nucléaire. L'atténuation des sanctions du P5 + 1 a sapé cet effet de levier. L'économie iranienne s'est stabilisée au cours de la dernière année. Le taux d'inflation officiel est passé de 40% à moins de 20%, le rial n'est plus en chute libre, et le PIB devrait s'établir à environ 2% pour 2014/2015 contre un taux négatif de 6,6% en 2012/2013. Même avec la chute des prix du pétrole et le ramollissement du rial, l'économie iranienne est encore susceptible de croître en 2015/16, - vue corroborée par le récent rapport mondial de la Banque mondiale, à tendance conservatrice.
Le Guide suprême est maintenant dans une position très familière à de nombreux américains qui avaient vécu la crise financière américaine de 2008. Ils avaient assisté à une forte baisse de la valeur de leurs comptes de 401k et de leurs maisons (actifs semi-restreints), mais avaient trouvé des moyens de stabiliser leurs finances personnelles. De même, Khamenei observe la baisse de ses comptes sur le pétrole. Et bien que cela paraisse déconcertant, son accès à ces revenus pétroliers à l'étranger reste limité. Entre temps, grâce au président iranien Hassan Rohani, l'économie se stabilise.
Ce qui est certain c'est que la baisse du prix du pétrole va encore freiner l'économie iranienne. La croissance est estimée à ralentir à 1% pour l'année fiscale de 2015/2016 après 2% de croissance en 2014/2015. Le nouveau budget du gouvernement iranien, arrimé à 72 $ le baril, comparativement à 100 $ l'an dernier, dépasse encore le prix du pétrole brut par une large marge (il est maintenant vendu à moins de 50 $). Cela forcera le gouvernement à réduire les dépenses publiques et à augmenter les recettes fiscales.
La baisse du prix du pétrole pourrait aussi diminuer l'enthousiasme des entreprises énergétiques à spéculer sur un retour au secteur de l'énergie iranienne si les négociations nucléaires en cours mènent à des atténuations permanentes de sanctions. En outre, les accords pour du pétrole au marché noir iranien semblent désormais moins attrayants si les acheteurs peuvent l'avoir moins cher, sans pour cela devoir rompre illégalement les sanctions.
Malgré tout cela, la croissance récente des gains d'exportation en dehors du pétrole et dans l'ensemble, une meilleure gestion de l'économie par l'équipe de Rouhani, permettront de plus en plus d'amortir la chute des exportations du pétrole iranien.
La République islamique a traversé trois années difficiles de sanctions sans jouir d'un accès complet à ses revenus pétroliers à l'étranger. Aujourd'hui, par un étrange coup du sort, ces restrictions émoussent l'impact entier de la baisse du prix du pétrole sur l'économie iranienne. Si le levier économique a quelque chance de fléchir la détermination nucléaire de Khamenei vers un compromis, il faudra des sanctions paralysantes, et pas uniquement la chute du prix du pétrole, afin de ranimer une fois de plus, la crainte ressentie par le régime en 2012 et 2013 quand il avait échappé de justesse à un effondrement économique potentiel. Souhaitons que cette fois-ci, le président Obama se retienne de jeter une bouée de sauvetage financière au chef suprême.Comme le président Obama l'avait clairement souligné dans son discours d'état d'Union le mardi, les responsables américains sont raisonnablement confiants qu'ils ont l'Iran là où ils le veulent. Ils prétendent que l'économie iranienne est ébranlée par une baisse de 60% du prix du pétrole – l'avoir le plus précieux de Téhéran, qui représente environ 50% de son budget d'état.
La Maison Blanche et ses alliés, dans leur effort continuel d'empêcher le congrès d'adopter de nouvelles sanctions contre l'Iran, emploient maintenant la chute du prix du pétrole à leur avantage. Ils soutiennent que les marchés pétroliers infligent une grave dépression économique à la République islamique, et qu'elle devrait suffire pour convaincre l'Iran de parvenir à un accord sur le nucléaire.
Il s'agit là d'une histoire fascinante et avantageuse pour une administration qui a menacé d'apposer son veto sur toute nouvelle législation du Sénat qui infligerait des sanctions supplémentaires à l'Iran si aucun accord n'est atteint avant la date limite de Juin 2015 déterminée par la Maison Blanche. Le problème est que l'histoire ne tient pas.
Il s'avère qu'Ali Khamenei, guide suprême de l'Iran, est parvenu à survivre pendant trois ans sans avoir le plein accès à ses revenus pétroliers de l'étranger. En Février 2012, les sanctions américaines avaient à peine commencé à bloquer les profits pétroliers de l'Iran grâce à une manœuvre peu claire, concoctée par les législateurs et les fonctionnaires du Trésor. La législation sur les sanctions, visant à faire pression sur l'Iran à renoncer au programme nucléaire illicite, les pays clients du pétrole iranien devaient pour payer leurs achats avoir recours à des dépôts fiduciaires dans une poignée de pays : la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud, la Turquie et Taiwan. Les fonds étaient alors disponibles à l'Iran, mais seulement pour l'achat de produits locaux de ces pays, ou de marchandises humanitaires chez d'autres. Par exemple, les raffineries chinoises ont dû payer pour le pétrole iranien en yuan déposé dans les banques chinoises, et l'Iran pouvait utiliser le yuan pour faire du shopping en Chine, tant que ces errances de shopping n'impliquent pas l'achat de marchandises passibles de sanctions (par exemple, en aciers maraging pour le développement des centrifugeuses perfectionnées).
Ce système a bien fonctionné pour les principaux clients du pétrole iranien, qui pouvaient encore acheter des quantités approuvées de pétrole iranien sans pénalités, tant que ces achats s'amoindrissaient de façon significative avec le temps, et stimulaient en parallèle leurs exportations. Cela n'a pas si bien fonctionné pour le chef suprême iranien. Il lui était impossible de rapatrier une partie des fonds de pétrole existants dans ces dépôts fiduciaires bloqués à l'étranger, estimés à plus de 100 milliards de dollars. Les recettes pétrolières mensuelles amoncelées dans ces comptes n'ont pu être dépensées assez vite parce que l'Iran ne trouvait pas suffisamment de marchandises valides qu'il voulait acquérir de ces six pays (l'Europe, étant la zone commerciale préférée de l'Iran, lui était de beaucoup, restrictive). En fait, le Département du Trésor estime que l'Iran ne pourra dépenser qu'environ la moitié de ses revenus cycliques pétroliers mensuels sur les importations en 2013, laissant le reste s'accumuler dans des comptes de dépôts fiduciaires.
Tout cela changea en Novembre 2013 après que l'Iran et les cinq puissances permanentes du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne aient conclu un accord nucléaire intérimaire. Selon cet accord, il a été décidé qu'à partir de Janvier 2014, le P5 + 1 restituera à l'Iran $ 700 millions de dollars par mois de ces dépôts fiduciaires provenant des revenus semi-restreints du pétrole. Le 30 Juin 2015, lorsque l'extension actuelle de l'accord intérimaire expirera, l'Iran aura reçu plus de 12 milliards de dollars de ces comptes fiduciaires qu'il dépensera comme il le souhaite. En addition à ces paiements et à d'autres formes d'allégement de sanctions directes, l'accord intérimaire mettait également un frein à la nouvelle escalade des sanctions américaines qui avaient plongé l'Iran dans une profonde récession, exacerbée par une monnaie en chute libre et l'hyperinflation.
La crise économique iranienne était le meilleur effet de levier de l'Amérique pour contraindre l'Iran à faire des compromis sur son programme nucléaire. L'atténuation des sanctions du P5 + 1 a sapé cet effet de levier. L'économie iranienne s'est stabilisée au cours de la dernière année. Le taux d'inflation officiel est passé de 40% à moins de 20%, le rial n'est plus en chute libre, et le PIB devrait s'établir à environ 2% pour 2014/2015 contre un taux négatif de 6,6% en 2012/2013. Même avec la chute des prix du pétrole et le ramollissement du rial, l'économie iranienne est encore susceptible de croître en 2015/16, - vue corroborée par le récent rapport mondial de la Banque mondiale, à tendance conservatrice.
Le Guide suprême est maintenant dans une position très familière à de nombreux américains qui avaient vécu la crise financière américaine de 2008. Ils avaient assisté à une forte baisse de la valeur de leurs comptes de 401k et de leurs maisons (actifs semi-restreints), mais avaient trouvé des moyens de stabiliser leurs finances personnelles. De même, Khamenei observe la baisse de ses comptes sur le pétrole. Et bien que cela paraisse déconcertant, son accès à ces revenus pétroliers à l'étranger reste limité. Entre temps, grâce au président iranien Hassan Rohani, l'économie se stabilise.
Ce qui est certain c'est que la baisse du prix du pétrole va encore freiner l'économie iranienne. La croissance est estimée à ralentir à 1% pour l'année fiscale de 2015/2016 après 2% de croissance en 2014/2015. Le nouveau budget du gouvernement iranien, arrimé à 72 $ le baril, comparativement à 100 $ l'an dernier, dépasse encore le prix du pétrole brut par une large marge (il est maintenant vendu à moins de 50 $). Cela forcera le gouvernement à réduire les dépenses publiques et à augmenter les recettes fiscales.
La baisse du prix du pétrole pourrait aussi diminuer l'enthousiasme des entreprises énergétiques à spéculer sur un retour au secteur de l'énergie iranienne si les négociations nucléaires en cours mènent à des atténuations permanentes de sanctions. En outre, les accords pour du pétrole au marché noir iranien semblent désormais moins attrayants si les acheteurs peuvent l'avoir moins cher, sans pour cela devoir rompre illégalement les sanctions.
Malgré tout cela, la croissance récente des gains d'exportation en dehors du pétrole et dans l'ensemble, une meilleure gestion de l'économie par l'équipe de Rouhani, permettront de plus en plus d'amortir la chute des exportations du pétrole iranien.
La République islamique a traversé trois années difficiles de sanctions sans jouir d'un accès complet à ses revenus pétroliers à l'étranger. Aujourd'hui, par un étrange coup du sort, ces restrictions émoussent l'impact entier de la baisse du prix du pétrole sur l'économie iranienne. Si le levier économique a quelque chance de fléchir la détermination nucléaire de Khamenei vers un compromis, il faudra des sanctions paralysantes, et pas uniquement la chute du prix du pétrole, afin de ranimer une fois de plus, la crainte ressentie par le régime en 2012 et 2013 quand il avait échappé de justesse à un effondrement économique potentiel. Souhaitons que cette fois-ci, le président Obama se retienne de jeter une bouée de sauvetage financière au chef suprême.