Le Soudan s'est peut-être joint à la lutte dirigée par l'Arabie Saoudite contre les milices Houtis soutenues par l'Iran au Yémen le mois dernier, mais il s'avère aussi qu'il coopère avec l'Iran afin d'armer le Hamas, groupe terroriste palestinien dans la bande de Gaza.
Les divers médias arabes signalaient le mardi soir, une explosion dans une zone à l'ouest de Khartoum. Le mercredi, l'armée soudanaise affirmait avoir abattu un drone israélien équipé de deux missiles.
Les israéliens n'ont ni confirmé ni démenti. Il faut noter que les israéliens ont depuis toujours ciblé des convois d'armes du Soudan à destination de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas.
Ce fut le cas en 2012, lorsque des avions de combat israéliens avaient frappé le complexe du Yarmouk du corps de la Garde Révolutionnaire à Khartoum soupçonné d'abriter des roquettes Fajr-5. Les responsables israéliens ont nié toute connaissance de ce raid. Mais quelques semaines plus tard, la guerre avait éclaté et Israël avait détruit des dizaines de sites à Gaza suspectés d'abriter les missiles que l'attaque aérienne précédente avait manqués.
Le raid du Yarmouk n'était pas un incident isolé. En 2009, les israéliens avaient apparemment ciblé des cargaisons d'armes iraniennes dépêchées au Soudan et destinées au Hamas, culminant en une attaque sur un grand convoi de camions. Une autre attaque en 2011 avait brûlé un véhicule transportant deux hommes soupçonnés d'être impliqués dans le pipeline des armes Iran-Hamas. L'année dernière seulement, des commandos israéliens avaient abordé le Klos-C dans la mer Rouge, saisissant une cargaison massive d'armes iraniennes à destination du Soudan.
Le Soudan possède une histoire de liens militaires solides avec Téhéran. Le régime iranien a été le mécène principal de l'infrastructure du terrorisme à Khartoum depuis le coup d'état du président soudanais Omar al-Bashir en 1989. Au début des années 1990, le président iranien Ali Akbar Hashemi Rafsanjani avait inondé Khartoum avec de l'argent et envoyé des conseillers militaires pour l'aider à renforcer son armée. En effet, le Soudan est devenu un nœud clé dans la stratégie iranienne d'exportation de sa révolution.
Mais quand l'Arabie saoudite et un groupe d'autres états sunnites avaient lancé l'opération « Tempête décisive » contre les rebelles Houthis soutenus par l'Iran au Yémen le mois dernier, les allégeances de longue date du Soudan semblent avoir changé. Bashir s'était rendu en Arabie saoudite le jour de l'annonce de l'opération militaire. La participation du Soudan à la coalition était un gain indéniable pour l'Arabie Saoudite et une perte pour l'Iran - deux rivaux régionaux qui ont longtemps rivalisé pour les allégeances du Soudan.
L'Égypte, un partenaire clé dans la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite, a également longtemps cherché à courtiser le Soudan sur l'orbite iranienne. Ainsi, lorsque le Soudan a annoncé sa participation à la coalition pour contrer la menace Houthi au Yémen, il allait de soi que le Soudan et l'Égypte pourraient aussi unir leurs forces sur d'autres fronts. À l'heure actuelle, le Caire est plus précisément engagé dans une campagne visant à affaiblir le Hamas. Depuis 2013, les égyptiens ont détruit quelque 1.700 tunnels de contrebande dans la péninsule du Sinaï que le Hamas a historiquement utilisés pour la contrebande d'armes iraniennes via le Soudan.
S'il y eut un raid aérien israélien la nuit dernière visant des armes iraniennes près de Khartoum, et ces armes étaient destinées au Hamas, il faut assumer aujourd'hui que les échanges entre les membres de la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite seraient bien difficiles. Apparemment, les liens de longue date du Soudan avec l'Iran ne peuvent pas être facilement rompus.