Les Brigades Al-Qassam, le soi-disant «bras armé» du Hamas, groupe militant palestinien, a vacillé sous le choc de la récente exécution de l'ancien officier Mahmoud Ishtiwi par ses compagnons de lutte. Plusieurs membres de la force de combat du Hamas démissionnèrent en signe de protestation, invoquant qu'Ishtiwi avait été tué suite à des chicanes internes au sein du Hamas, plutôt qu'à un comportement immoral, comme prétendu au préalable. Le schisme a engendré une nouvelle faction dissidente - les membres indépendants du Qassam (al-al-Ahras Qassamiyoun) qui s'expriment ouvertement contre la direction prise par Al-Qassam et réclament une enquête.
La scission entre les combattants du Hamas résulte d'une période difficile que le groupe traverse. Les dirigeants du Politburo, son organe décisionnel principal, se chamaillent entre eux également. Le fait qu'ils soient disséminés à travers le Moyen-Orient, en Turquie, au Qatar, en Arabie Saoudite et au-delà, n'améliore rien. Les retombées de l'exil du Hamas résultent du ressentiment de l'Iran et de la Syrie suite au massacre perpétré par le Hamas en Syrie en 2012. Le Hamas opérait en dehors de Damas depuis les années 1990, mais a préféré partir après que le régime du président Bachar al-Assad, épaulé par l'Iran, avait initié un massacre de masses de Syriens sunnites et de Palestiniens dans les camps de réfugiés syriens. La rupture contraignit non seulement le Hamas à renoncer à son siège syrien, mais aussi à conduit à une coupure du financement iranien.
Toutefois, pas tous les membres du Hamas ont considéré le divorce avec l'Iran comme définitif. Téhéran a continué à pourvoir les Brigades al-Qassam à Gaza avec la technologie des fusées pour attaquer Israël, et a probablement fourni des armes pour les opérations souterraines du groupe en Cisjordanie. La semaine dernière, le Hamas a envoyé une délégation de haut niveau en l'Iran pour célébrer le 37e anniversaire de la République islamique. La délégation comprenait Osama Hamdan, en tête du groupe des relations internationales basé au Liban, Khalid al-Kaddoumi, le représentant permanent du Hamas en Iran, et le membre du Politburo Mohammed Nasser. Leur présence indique une fois encore que l'Iran pourrait avoir une grande influence sur le groupe militant palestinien, en particulier sur son aile armée.
Mais Hamdan et compagnie ne dirigent pas le Politburo du Hamas. Cette distinction va à Khaled Mechaal, qui opère du Qatar depuis son exil de la Syrie. Le Qatar est devenu le pourvoyeur clef de fonds du groupe au cours des dernières années. L'ancien émir, cheikh Hamad, a été le premier chef d'État à visiter la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, où il a promis $400 millions en 2012. L'aide du Qatar continue à circuler aujourd'hui, même à travers des canaux approuvés par Israël sous la fable de contribuer à la reconstruction de la bande de Gaza après la guerre dévastatrice avec Israël en 2014.
L'aide du Qatar, bien que cruciale pour la survie du Hamas, ne va pas sans controverses. Les membres indépendants du Qassam, qui ont promis leur allégeance à Meshaal, affirment que les bourreaux d'Ishtiwi l'avaient ciblé à cause de ses contacts avec le Hamas à l'étranger. Ce qui indiaque l'existence d'une rupture croissante et ouverte entre les ailes militaires et politiques du mouvement.
Les divers dirigeants et factions du Hamas, ont, tout au moins, du mal à communiquer. Cela devint plus évident lors de l'enlèvement et le meurtre de trois adolescents israéliens en Cisjordanie en Juin 2014. Cette attaque a été planifiée et financée par un dirigeant du Hamas, Saleh Aroura, localisé dans un autre centre de gravité du groupe, la Turquie. Est-ce qu'Aroura aurait conféré avec ses collègues du Hamas avant de commander l'opération, demeure douteux. Si c'est le cas, ses collègues ne prévoyaient pas en quelque sorte, que cette opération déclencherait une guerre brutale. Et brutale elle l'était sur une durée de 50 jours, Alors qu'Israël répondait à près de 5000 tirs de roquettes du Hamas par des représailles dévastateurs.
La guerre de l'été 2014 a été du genre dont la Bande de Gaza ne s'en remet pas. Près de deux ans après, le gouvernement du Hamas est perpétuellement sous le feu de ses propres électeurs pour son échec dans la reconstruction de Gaza. Le gouvernement du Hamas est devenu donc plus prudent- au sein de la vague actuelle d'attaques de coups de poignard en Cisjordanie – et la bande de Gaza demeure inhabituellement calme.
Certes, le Hamas exhorte ses adeptes en Cisjordanie d'attaquer les israéliens, mais le groupe encourage une guerre qu'il ne veut pas combattre. Et oui, les brigades d'al-Qassam sont soupçonnées être celles qui creusent des tunnels souterrains pour la prochaine conflagration. Les dirigeants israéliens ont signalé, sciemment ou non, que cette activité est peu susceptible de provoquer un conflit à part entière.
Ainsi, alors que sa charte fondatrice n'a pas changé, le Hamas semble manquer de direction. Son aile militaire et une tripotée de leaders politiques en exil sont murées dans une compétition. Ajoutez à cela la frustration du public face aux dirigeants du gouvernement basé à Gaza, alors qu'il est difficile de déterminer quelle faction ou quel chef gouverne est en fait l'organisation.
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On pourrait prétendre que toute cette évolution est positive pour Israël, ou même pour la sécurité globale au Moyen-Orient. Pour être sûr, un Hamas fracturé est un Hamas affaibli. Mais une organisation terroriste fracturée peut aussi être plus imprévisible. Le Hamas manque de commandement et de contrôle. Une seule faction pourrait lancer une guerre que le reste de l'organisation ne veut pas, une qu'Israël ou l'intelligence occidentale ne seraient pas en mesure de prédire.