En 1967, Moscou avait haussé les épaules lorsque le président égyptien Gamal Abdel Nasser avait scellé le détroit de Tiran, tranchant les routes commerciales vers l'unique port israélien d'Eilat-Israël, dans la mer Rouge. Le déplacement de troupes égyptiennes et syriennes sur la frontière israélienne, conjugué à la rhétorique de Nasser qui menaçait de massacrer les israéliens, avait pavé la voie à la guerre. Pendant tout ce temps, Moscou alimentait les égyptiens et les Syriens d'informations erronées sur les démarches des troupes israéliennes.
Les Israéliens ont en mis fin par une guerre éclair qui neutralisa les arabes - clients russes - en six jours, et dans le processus, ils s'emparèrent de la Judée et Samarie, Gaza, du Sinaï et d'une grande partie des Hauteurs du Golan.
Cinquante ans plus tard, il semble que l'histoire se répète. Les alliés de la Russie provoquent à nouveau les israéliens, qui pourraient finalement n'y voir d'autre l'alternative que de se prémunir. La guerre qui s'ensuivra, selon Israël, pourrait, comme la guerre des Six jours en 1967, percuter radicalement la région.
Le théâtre cette fois-ci est la Syrie, mais le facteur essentiel du prochain conflit - croyez-le ou non - n'est pas l'usage de l'arme chimique par le président syrien Bashar al-Assad contre son propre peuple : C'est le Hezbollah, mandataire le plus lâche de l'Iran.
Téhéran a dépêché le Hezbollah pour renforcer les troupes syriennes d'Assad en danger. Le premier rejeton arabe de la révolution islamique iranienne, l'organisation militante chiite libanaise a déployé ses milliers de combattants en Syrie, qui s'enrichissent d'une expérience militaire très précieuse.
L'Iran arme également le Hezbollah en prévision au prochain conflit avec Israël. L'automne 2015, l'armée israélienne avait estimé que le Hezbollah avait ajouté à son arsenal de roquettes estimé à environ 100 000 roquettes à 150 000 depuis le début de la guerre syrienne.
Plus tard, dans la même année, les Russes ont entamé des attaques aériennes contre des groupes rebelles qui se battent pour expulser Assad de la Syrie. Moscou avait longtemps fourni à Assad des armes et d'autres provisions via son complexe naval méditerranéen à Tartus. Les Russes ont rapidement déployé des forces terrestres et aériennes, des moyens de renseignement et du matériel lourd pour protéger le régime d'Assad, en précisant que la Syrie faisait partie de sa sphère d'influence toujours en expansion.
La Russie a rapidement établi des centres de fusion afin de pouvoir coordonner ses efforts de guerre avec l'Iran, le Hezbollah et le régime d'Assad. Le Hezbollah a bénéficié de la couverture aérienne russe et a même combattu aux côtés des forces russes contre les rebelles syriens.
Entre-temps, l'Iran et son proxy libanais ont tenté d'exploiter à la fois la présence russe et le brouillard de guerre afin de déplacer ce que les Israéliens ont qualifié d'«armes qui changent les règles du jeu» de la zone de guerre, vers le Liban. Les responsables israéliens déclarent que les armes qu'ils tentent d'acquérir incluent des roquettes à longue portée à capacité de lourdes charges, des missiles mortels antinavires et peut-être même des systèmes antiaériens sophistiqués.
Ces armes ont suscité l'alarme à la kirya - Pentagone israélien. Les fonctionnaires déclarent que ce matériel réduirait considérablement la lisière d'action israélienne au cas d'une prochaine conflagration. C'est la raison qui a poussé Israël à lancer quelque trois douzaines de raids aériens dans toute la Syrie, selon un ancien responsable israélien
Nous ignorons si ces attaques représentent l'intégralité de l'effort israélien. Mais nous savons que le drame a été mis au point en mars lorsque l'armée syrienne a tiré des armes antiaériennes sur un avion israélien après sa frappe de ce qui était censé n'être qu'un autre convoi d'armes du Hezbollah en Syrie. Le missile antiaérien se dirigeait à toute allure vers le territoire israélien, incitant les Israéliens à faire usage de leur système de défense antimissile Arrow, à portée moyenne.
L'incident a entraîné une escalade dans la guerre de paroles. Damas a menacé que de futures incursions israéliennes provoqueraient des ripostes de Scud, et ont même prévenu Israël, que la Russie viendrait à leur aide si les Israéliens attaquaient à nouveau.
Il serait douteux de croire que la Russie s'aventurerait à défier un avion israélien, d'autant plus que les israéliens ont jusque-là effectué plusieurs visites à Moscou afin de s'assurer que leur force aérienne leur permette de poursuivre leurs attaques contre l'arsenal du Hezbollah et de l'Iran quand ils l'estiment nécessaire.
Plus l'infrastructure de la contrebande d'armes de l'Iran et du Hezbollah se perfectionne, plus la probabilité d'un transfert réussi d'«armes changeurs de jeu» est élevée. Le Hezbollah compte déjà des dizaines de milliers de roquettes, mais un transfert réussi d'armes de pointe serait une ligne rouge pour Israël, entraînant une attaque préventive avant que ces armes ne soient déployées.
Les Israéliens ont prévenu à maintes reprises que la prochaine guerre avec le Hezbollah pourrait être celle dans laquelle Israël ne cherchera rien de moins que la défaite totale et le renversement du Hezbollah du Liban.
L'incursion de Vladimir Poutine en Syrie a été décrite comme une tentative de ressusciter le passé de la Russie. Mais les démarches soviétiques au Moyen-Orient ont contribué inexorablement à la Guerre des Six Jours et à son affaiblissement dans la région. La Russie risque de répéter les erreurs faites il y a un demi-siècle, erreurs qui ont encore un impact profond actuel sur la région.