Le conflit israélo-palestinien est-il finalement entré dans l'ère du post Accords d'Oslo ? Au Moyen-Orient, rien n'est mort s'il n'est pas dûment enterré. Néanmoins, plusieurs signes troublants pointent vers cette direction.
Le changeur du jeu était le président Mahmoud Abbas de l'OLP –Organisation pour la libération de la Palestine - avec son historique approbation d'état non-membre par l'Assemblée générale des Nations Unies le 29 Novembre de l'année dernière. Ce grade d'observateur non-membre qui définit la politique étrangère des palestiniens, octroie simplement à l'OLP, une position analogue à celle du Vatican. Depuis, l'OLP a opéré certaines modifications qui peuvent se traduire comme le coup de grâce aux accords d'Oslo de 1994.
Quelques jours après sa victoire à l'ONU, M. Abbas demandait aux Nations Unies de considérer le gouvernement de l'Autorité palestinienne comme gouvernement de l'«État de Palestine». Cela peut sembler anodin, mais en fait, cela signifie que l'OLP a sabordé l'Autorité Palestinienne, gouvernement intérimaire mis en place par les Accords d'Oslo et la pierre angulaire des négociations israélo-palestiniennes depuis 1994.
Les Accords d'Oslo se basaient sur le principe que la diplomatie gérée par les États-Unis entre Israël et l'OLP contribuerait à la passation du stade d'Autorité Palestinienne à celui de gouvernement intérimaire à un État par le biais d'un processus bilatéral. C'est là que tout se complique. L'«État de Palestine» n'est pas le gouvernement intérimaire avec qui Israël est contractuellement obligé de négocier les accords d'Oslo. En outre, le processus bilatéral prévu à Oslo a été violé à première vue.
C'est apparemment pour ces raisons que Shawan Jabarin, directeur d'Al Haq, organisation de défense des droits de Ramallah, exprimait son inquiétude sur les « complications potentielles juridiques et politiques » et un « manque de clarté qui doit être résolu ».
Les complications ne s'arrêtent pas là. Abbas a récemment publié un décret que tous les timbres (en cours de production au Bahreïn), les signes, et les en-têtes soient modifiés pour refléter le nouveau nom. Cette démarche, selon un responsable palestinien, vise à renforcer « la souveraineté palestinienne sur le terrain» et est une étape vers «l'indépendance réelle».
Le Conseil économique palestinien pour le développement et la reconstruction, une institution d'aide plus communément connue sous le nom PEDCAR, aurait été la première institution palestinienne à se conformer au décret d'Abbas. Le ministère palestinien de l'Information lui a emboîté le pas.
Abbas aurait ordonné également l'émission de nouveaux passeports et cartes d'identité, avec le blason « Etat de Palestine ». Les Israéliens ont hurlé leur désapprobation, et Abbas semble avoir fait marche arrière pour le moment. Le chef de l'OLP pourrait bien ne pas cesser ses démarches.
Le porte-parole officiel de l'OLP, WAFA, a publié un article le 5 Janvier dernier où il déclarait qu'« une décision antérieure a été implémentée [par l'OLP] qui délègue au Conseil Central du PLO les fonctions de Gouvernement et de Parlement de l'Autorité palestinienne ».
Si cela est vrai (deux hauts dignitaires palestiniens l'affirment), Abbas semble être en pleine consolidation du pouvoir en facilitant le transfert des principales composantes de l'Autorité palestinienne dans les mains de l'OLP - nullement soumis à l'examen du public comme de coutume depuis la création de l'Autorité Palestinienne en 1994.
Abbas n'aurait jamais du l'encadrer de cette façon, bien sûr. Il devrait d'abord prétendre qu'il cherche à fermer l'Autorité Palestinienne face à la perpétuation de la construction israélienne des implantations.
L'Expert M. Abbas a menacé de quitter la présidence de l'Autorité Palestinienne ou tout simplement de la démanteler plus de 25 fois. Et les partisans de la cause palestinienne ne cessent de le soutenir. Ils prétendent que les Palestiniens ne devraient pas avoir à demander la permission de faire ce qu'ils veulent et encore moins de ceux qui occupent leurs territoires. Ils appuient vertement l'idée que l'effondrement de l'Autorité Palestinienne infligera à nouveau aux Israéliens le fardeau administratif de la Cisjordanie (Gaza, sous le contrôle du Hamas est une autre paire de manches).
Mais ce que les partisans (nationaux et internationaux) de M. Abbas ne semblent pas comprendre, c'est qu'en fermant les portes de l'Autorité Palestinienne, l'OLP pourra s'appuyer sur son nouveau statut à l'ONU (et non Abbas autorité élue présidentielle, qui a expiré en 2009) pour consolider son pouvoir.
La dernière chose dont on aurait besoin c'est d'un OLP plus musclé. L'Autorité palestinienne a été créée, en partie, pour réduire la pléthorique OLP, qui a acquis une réputation au fil des ans comme étant figé et moins transparent.
Un défi évident maintenant pour Abbas est de trouver jusqu'où il peut pousser son agenda sans déclencher la sonnette d'alarme dans l'Occident.
Abbas a fait le pari que depuis que le Hamas est la seule véritable alternative à son régime – dû en grande partie à son refus d'aider à développer un nouveau leadership - l'Occident se replie. Craignant une prise de contrôle par le Hamas, même les Israéliens hésitent à le renverser.
Mais il y a encore un autre défi pour le nouveau président de l '«État de Palestine». Des vents de guerre soufflent en Cisjordanie. Depuis sa bravade à l'ONU contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, la Cisjordanie signale qu'elle peut facilement plonger dans l'insurrection. Tous les quelques jours, nous recevons un autre rapport sur la violence palestinienne contre les Israéliens. Des groupes terroristes palestiniens appellent à une nouvelle intifada. Et des responsables militaires israéliens mettent en garde que cela a peut-être déjà commencé.
Cependant, le conflit n'est pas une fatalité. Abbas peut trouver un moyen de maintenir le calme dans cette atmosphère de tension croissante. Pourtant, l'injection de l '«État de Palestine» a créé un état de confusion sur l'avenir du processus de paix, la viabilité de l'Autorité Palestinienne, et le pouvoir de l'OLP suspendu à la balance.