Le débat sur L'accord nucléaire iranien du président Obama a enflé amèrement au sein de la ceinture périphérique. L'acrimonie est inévitable, et pas seulement à cause de l'hyper-esprit de parti qui déchire et divise Washington en dedans. C'est surtout parce que l'affaire nous est présentée comme étant le corps unique qui empêcherait la guerre. Mais cette caractérisation est non seulement injuste, elle est binaire et ne tient pas compte des scénarios créatifs. Perdu dans tout ce débat est la notion si l'affaire ne déclencherait pas de par elle-même une guerre.
Il ne fait aucun doute que la guerre éclaterait si l'Iran triche. Cette possibilité est absolument réelle vu les duperies antécédentes de l'Iran à l'égard de son nucléaire. Mais l'Iran peut effectivement respecter l'accord. Si le régime patiente simplement durant une décennie, il sera en possession d'un programme nucléaire légitime de taille industrielle. Comme le soulignait récemment un journaliste israélien chevronné, un nouveau document de stratégie israélienne diffusé par Gadi Eizenkot chef d'état-major des Forces de Défense d'Israël, prévoit la fomentation d'autres conflits. Il découle de ces carrés de conversations que j'ai eues avec plusieurs hauts responsables israéliens ces derniers mois que la guerre au Moyen-Orient est plus susceptible d'éclater d'abord à la suite du Plan global d'action conjoint, dont l'un existe entre Israël et le Hezbollah, groupe terroriste libanais.
Le Hezbollah est le proxy non-étatique le plus prisé de l'Iran. Formé et équipé d'armes iraniennes et d'argent liquide, le groupe est dédié à la guerre contre Israël depuis le début des années 1980. Aujourd'hui, selon un responsable principal israélien que j'ai rencontré en Juillet, le Hezbollah pointe 100.000 roquettes vers le sud d'Israël. Ces roquettes, fournies presque entièrement par l'Iran, sont positionnées de part en part dans le Liban avec de nombreux lanceurs installés stratégiquement dans les zones de forte densité de population afin d'assurer que les représailles israéliennes soient suivies d'accusations de crimes de guerre. Le Hezbollah possède aussi maintenant des « armes de précision » (le fonctionnaire ne voulait pas révéler d'avantage), ainsi que des systèmes antiaériens SA-22, des missiles antinavires Yakhont, et des drones.
Il ne faut guère chercher trop loin pour trouver des analystes du Moyen-Orient suggérant que le public libanais assiégé empêche le Hezbollah de déclencher ce formidable arsenal contre Israël, par crainte d'une autre intervention militaire féroce qui entraînerait des pertes de milliards de dollars en dégâts à l'infrastructure libanaise. Mais le souci du bien-être du Liban n'a jamais dissuadé le Hezbollah dans le passé. Ce qui pourrait vraiment prévenir le prochaine torrent de roquettes sur les centres de population israéliens est le bourbier actuel du groupe terroriste.
Dans le but de soutenir ses précieux alliés syriens, l'Iran a dépêché 6.000 à 8.000 combattants du Hezbollah pour repousser les militants sunnites qui cherchent à renverser le régime de Bachar al-Assad. Mais la guerre a pris son péage sur le Hezbollah et des sacs de corps couverts de drapeaux jaunes du groupe continuent d'affluer du front. Quelques 1,000 militants du Hezbollah ont été décimés depuis que le groupe s'est jeté dans la bataille en 2013.
L'accord iranien pourrait fournir bientôt au Hezbollah une stratégie de sortie. Téhéran s'attend à recevoir plus de 100 à 150 milliards de dollars en espèces (fonds gelés et fonds libérés de dépôts fiduciaires provenant des recettes pétrolières qui ne pourront servir que pour l'achat de marchandises étrangères approuvées). Un cumul d'autre sommes d'argent provenant des revenus du pétrole, du pétrochimique, des automobiles et de l'or s'ajoute au total iranien. Le régime d'Assad pourrait devenir un des principaux bénéficiaires. Cela signifie que le régime pourrait bientôt avoir plus de liquide pour payer ses combattants et acheter des armes servant à cibler les rebelles sunnites qui le combattent.
Dans ce cas, les services du Hezbollah peuvent ne plus être en demande et le groupe pourrait redéployer ses troupes qui combattent en Syrie. Le temps que cela réclamera dépendra de la rapidité de la finance et des armes iraniennes pour aider à consolider le régime d'Assad. Une fois ses combattants sains et saufs, le Hezbollah pourra bientôt bénéficier de la manne de l'allègement des sanctions contre l'Iran. Étant le plus important des proxies non-étatiques de l'Iran, le Hezbollah a tout à gagner, en armes de pointe, finance et formation.
Mais, même sans un retrait de la Syrie, les combattants aguerris du Hezbollah ne se contenteront pas du calme sur leur front sud. Le discours du groupe ne s'est certainement pas dulcifié; le Hezbollah n'a cessé de brailler qu'il veut un combat avec Israël depuis que les armes s'étaient tues après la dernière conflagration en 2006. Plus important encore, le Hezbollah considère l'accord nucléaire (ainsi que tout le reste de la région) comme un signe que son patron iranien est devenu une puissance régionale en plein essor, et que l'avantage militaire d'Israël au Moyen-Orient s'effiloche. Une première provocation à la frontière risque d'éclater en peu de temps.
Et pour Israël, c'est un véritable baril de poudre. Les Israéliens ont été très clairs au sujet de leurs frustrations, après que les P5+1 aient négocié et défripé dans leur petit coin l'accord nucléaire. Israël devrait procéder à une frappe militaire contre l'Iran sous le coup de l'accord, contraignant le petit pays à se comporter comme l'état paria du monde.
Mais Israël ne connait aucune contrainte à l'égard du Hezbollah. En fait, Washington reconnaît ouvertement la possibilité d'une conflagration entre les deux, et la Maison Blanche vante publiquement à l'heure actuelle le fait qu'elle souhaite armer les israéliens pour se mesurer à cette sorte d'agression régionale parrainée par l'Iran.
Sous la perception du flétrissement de sa force de dissuasion au sein même du public, dénoncée/crachée par la Maison Blanche d'Obama, Israël voudra presque certainement faire du Hezbollah un exemple retentissant. Une victoire contre le proxy iranien le plus fort dans la région pourrait devenir le genre de déclaration sans équivoque qu'Israël estime nécessaire, tout en guettant l'Iran pour voir s'il tiendra jusqu'au bout de l'accord nucléaire.
Néanmoins, une guerre avec le Hezbollah ne serait pas juste une autre guerre au Moyen-Orient. Ce pourrait bien être la guerre qui mettrait fin à toutes les guerres entre ces deux ennemis acariâtres. Les Israéliens ne se contenteront pas d'une victoire partielle ou d'un nœud sanglant, comme dans le passé. Pour établir la dissuasion dans l'ère d'un Iran renforcé, Israël pourrait bien partir pour une victoire totale.
Pour sa part, le Hezbollah ne se retirera pas également. Riche de 100.000 roquettes, d'un arsenal mortel d'autres munitions et des poches profondes actuelles de l'Iran, il est difficile d'imaginer qu'un cessez le feu pourra être négocié.
Ce qui est certain est qu'un conflit entre le Hezbollah et Israël tombe court en deçà du conflit nucléaire que le président Obama cherche à prévenir. Mais il est difficile de dire que les choix sont entre l'accord sur le nucléaire et la guerre au Moyen-Orient. Si le Congrès approuve l'accord nucléaire, l'Administration d'Obama devra déterminer la meilleure façon de diffuser ce conflit de brassage. Et si une guerre éclate, compte tenu des obligations de Washington envers Téhéran et Jérusalem, il peut se révéler bien difficile d'appeler au calme - de chaque côté.