Dimanche dernier, l'Iran et les pays du P5 + 1 (États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie, et Allemagne) avaient officiellement adopté le nouvel accord nucléaire conclu cet été. Dans les prochains jours, et selon les termes de l'accord, le plan global d'action conjoint, officiellement connu comme (JCPOA), la République islamique sera contrainte de commencer à appliquer une série de limites sur son programme nucléaire.
Il ya de bonnes raisons de croire qu'elle y procédera à court terme, puisque la portée de l'allégement des sanctions contenues dans le JCPOA est énorme – l'équivalent d'un quart de l'économie totale iranienne. Ainsi, l'implémentation des termes de l'accord aura de bonnes répercussions économiques pour les ayatollahs iraniens, du moins pour le moment.
Cela, toutefois, ne signale pas un terme au problème que les iraniens posent à l'Amérique. Au contraire, l'entrée en vigueur du JCPOA inaugure une nouvelle phase - encore plus escarpée - de la politique américaine au Moyen-Orient.
L'accord sur le nucléaire a déjà débouché sur un éventail d'attitudes destructrices en Iran. Au cours des dernières semaines, la République islamique a initié d'importants pourparlers avec des fournisseurs d'armes, dont la Russie et la Chine, tout en menant des essais de missiles balistiques sophistiqués - en violation directe avec les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU- amplifiant considérablement son empreinte militaire en Syrie. Cet aventurisme, d'ailleurs, est en passe de devenir plus prononcé dans les semaines et mois à venir, car les avantages économiques de l'accord nucléaire commencent à donner pour de bon de sérieux coups de sabot.
Compte tenu de ce qui précède, les décideurs américains doivent commencer à réfléchir sur les vulnérabilités susceptibles de découler de l'accord avec l'Iran, ainsi que des mesures nécessaires à adopter pour les atténuer. Celles-ci se répartissent en quatre grandes catégories :
Conformité : Les détails du JCPOA confirment que l'objectif initial de la diplomatie occidentale avec l'Iran - le « démantèlement » de l'infrastructure nucléaire de la République islamique - n'a pas été atteint. Au contraire, les termes de l'accord devront effectivement aider l'Iran à développer un programme nucléaire plus fort au fil du temps. Les États-Unis ont donc besoin de développer et de déployer des technologies médico-légales et des savants de pointe pour suivre avec précision les activités liées au nucléaire de l'Iran et faire en sorte que l'Iran demeure dans les paramètres du JCPOA - ainsi que d'exposer publiquement un menu de « réponses évolutives » servant à punir la République islamique au cas de non conformité.
Guerre économique : En Iran aujourd'hui, l'armée cléricale, (IRGC), Garde révolutionnaire islamique, seconde le leader suprême en importance stratégique. Elle est tout simplement une puissance économique qui contrôle un tiers de l'ensemble de l'économie iranienne. En conséquence, l'IRGC va inévitablement être parmi les plus grands bénéficiaires de l'allégement des sanctions accordé par le JCPOA, et son potentiel de menace augmentera en conséquence. Limiter la capacité destructrice de l'IRGC nécessite la restreinte de son accès à l'économie internationale - en désignant formellement l'ensemble du IRGC comme une entité terroriste, et ensuite identifier et cartographier ses entités constitutives, ses intérêts économiques et les sociétés qui lui sont affiliées en vue de contrecarrer leurs négociations/échanges avec les partenaires étrangers de l'Iran.
Défense : L'administration d'Obama a martelé son engagement à dissuader l'Iran d'obtenir une arme nucléaire, attestant qu'elle ferait usage de la force militaire si nécessaire. Pourtant, l'Administration n'a jusque-là pris aucune mesure concrète afin de convaincre le régime iranien qu'elle est décidée à le faire. Cela nécessiterait une attitude plus dissuasive et sans ambiguïté des USA de leur volonté d'agir en conséquence pour empêcher le dessein de l'Iran d'acquérir la bombe, soit durant le JCPOA ou après. Par nécessité, cela signifie aussi une recapitalisation des capacités de défense américaines, afin que les États-Unis puissent assurer de façon crédible la protection de leurs alliés dans le cas d'hostilités avec l'Iran, ou d'entreprendre une action militaire unilatérale contre la République Islamique en cas de violation substantielle du JCPOA ou de tout autre casus belli.
La démocratie iranienne : Déjà classée parmi les régimes les plus répressifs du monde, l'Iran au cours des dernières années, s'est engagé dans une campagne de répression profonde des droits humains, de la liberté d'expression, et du choix politique. Cette trajectoire devrait représenter une sérieuse préoccupation pour les décideurs américains, parce que la population iranienne de près de 82 millions est majoritairement jeune, instruite avec une orientation occidentale. Cet «autre» Iran détient la promesse d'une relation plus durable et harmonieuse avec l'Occident. Mais le JCPOA met en péril le potentiel démocratique iranien, car il renforce le gouvernement actuel iranien au détriment de sa population captive, même s'il déclasse les préoccupations occidentales sur la trajectoire politique de l'Iran. En réponse, le Congrès doit agir plus résolument que jamais, à la fois par des déclarations publiques et une législation concrète, braquant les projecteurs sur les violations des droits de l'homme de l'Iran, et sanctionnant le gouvernement iranien pour sa répression de la démocratie en son sein.
Toutes ces étapes sont nécessaires parce qu'en parallèle à la mise en marche de l'actuel accord sur le nucléaire, le défi stratégique représenté par l'Iran pour les intérêts américains et ses alliés s'amplifiera et persistera. Une action résolue est donc indispensable pour empêcher toute tromperie iranienne durant le JCPOA, toute évasion nucléaire iranienne ensuite, et les effets négatifs résultant des acquisitions iraniennes permises par le soulagement des sanctions dans l'intervalle.
À l'heure actuelle, les États-Unis manquent à la fois la capacité et la crédibilité pour répondre aux conséquences potentielles de l'accord nucléaire. Modifier cet état de choses doit devenir une priorité pour les législateurs américains dans les mois et années à venir.