« Après de nombreuses années de sanctions ciblant le Hezbollah, le groupe est à l'heure actuelle, dans sa pire situation financière», a déclaré, lors d'une audition au Congrès la semaine dernière, Adam Szubin, sous-secrétaire au Trésor, actif dans le renseignement financier et contre le terrorisme. «Et je peux vous assurer qu'aux côtés de nos partenaires internationaux, nous travaillons dur pour sa faillite ».
M. Szubin peut être précis en ce que les sanctions absorbent une bouchée des finances du Hezbollah. Le Congrès a adopté une loi en 2015, sur la prévention du financement international du Hezbollah – Loi pilonnant les banques qui perpétuent sciemment leurs transactions avec le Hezbollah. Cela a mené à une purge dans le système bancaire du Liban. Les banques libanaises qui souhaitent maintenir le branchement avec le système financier international la pratiquent. Un rapport suggère que près de 10.000 comptes ont été fermés.
Mais maintenant, Le lieutenant Danny Glaser, sous-secrétaire du trésor américain et assistant de M. Szubin, presse d'aller plus loin encore. Il remit durant sa visite au Liban la semaine dernière, une liste de près de 100 objectifs financiers du Hezbollah au gouverneur de la Banque centrale, lequel a promis de prendre les mesures nécessaires contre eux. Ces objectifs couvrent les médias du Hezbollah jusqu'aux personnalités politiques et militaires.
L'énorme dépendance du Hezbollah des banques libanaises offre une occasion extrêmement importante d'affaiblir les finances du groupe. Mais personne n'a réussi de sitôt à mettre le Hezbollah « en faillite ». Le Hezbollah est une filiale exclusive de l'Iran. Et l'Iran vient de négocier une aubaine massive de 100 milliards de dollars en vertu de l'accord nucléaire de l'été dernier. Pour l'Iran, le Hezbollah est trop imposant pour échouer.
Le gouvernement libanais est même prêt à maintenir les politiciens du Hezbollah à l'ombre. Al-Sharq al-Awsat rapporte que le Trésor libanais a commencé à payer les salaires des ministres appartenant au Hezbollah en espèces afin d'échapper aux sanctions américaines.
Mais, au-delà l'argent de côté, même si le Hezbollah entretient un vaste empire financier illicite, son activité principale est le terrorisme. Et en ce moment précis, les capacités militaires du groupe n'ont jamais été aussi puissantes.
Un haut responsable israélien m'a récemment confié, d'après les estimations du service du renseignement de son pays, que l'arsenal militaire du Hezbollah est évalué être plus puissant que les 90% des forces armées du monde. Le groupe dispose d'un arsenal massif de roquettes (150.000), dont beaucoup sont très précises et dotées d'une plus grande charge d'explosifs que dans le passé. Un responsable militaire israélien de haut rang m'a avoué en privé que le grand nombre de roquettes du Hezbollah a contraint la base militaire d'Israël à reconsidérer la façon dont elle évalue sa politique de longue date pour maintenir son «avantage militaire ».
Les rapports de code source ouvert ensemble avec la Fondation pour la Défense des Démocraties, suggèrent que le Hezbollah possèderait également des missiles surface-air d'épaule, des drones, des missiles antichars, des missiles antinavires entre autres équipements militaires de pointe. Tout cela améliore nettement l'arsenal du Hezbollah. Le Hezbollah a œuvré avec l'Iran afin de faire passer dans le chaos de la guerre syrienne, une grande partie de ces armes à sa base d'opération au Liban, tandis que le Hezbollah se bat sur les lignes de front pour protéger le régime d'Assad. Nonobstant les lourdes pertes infligées au groupe (Quelques 1300 morts) dans cette guerre, le Hezbollah a acquis une précieuse expérience sur la lutte armée qui le rendent beaucoup plus redoutable pour les conflits futurs.
Naim Qassem, haut responsable du Hezbollah, a récemment informé que son organisation ne souhaite pas de conflit avec Israël cet été, ce qui est compréhensible, vu la perpétuation des belligérances en Syrie. Cela toutefois, ne rassure pas les planificateurs de guerre israéliens qui préviennent que peu importe quand la prochaine conflagration se déclenchera entre les deux joueurs, les combats seront violents. En effet, l'arsenal du Hezbollah est maintenant trop vaste et trop mortel pour s'attendre à de petites escarmouches comme dans le passé.
Et ce n'est pas Israël seul qui sonne l'alarme. Rod-Larsen Terje, Sous-secrétaire général sortant des Nations Unies a récemment averti par le truchement des médias arabes, que l'implication du Hezbollah dans la guerre syrienne, sans mentionner dans d'autres régions du Moyen-Orient, risque de provoquer un excès des tensions sectaires au Liban et au-delà. Il a appelé la communauté internationale à désarmer le Hezbollah conformément à la résolution du Conseil de sécurité U.N. 1559, adoptée en 2004, mais jamais appliquée.
En d'autres termes, une stratégie solide pour frapper le Hezbollah par les cordons de la bourse est insuffisante. En fait, l'isolement financier sans aucun moyen crédible d'affaiblir le groupe militaire pourrait propulser par inadvertance le Hezbollah vers le champ de bataille. En effet, lorsque le groupe terroriste Hamas basé à Gaza (également un proxy iranien) a mené une guerre contre Israël en 2014, il l'a fait afin de négocier un moyen de s'extraire de son isolement financier. Le résultat final a été une guerre de 50 jours.
Les sanctions du Trésor imposées au Hezbollah lui portent indéniablement atteinte. Mais il est trop tôt pour crier victoire. Sans une stratégie plus vaste pour lutter contre les forces néfastes du Hezbollah, même les efforts les plus vaillants pour réduire ses finances tomberont à l'eau.