Donald Trump a appointé la semaine dernière son gendre Jared Kushner pour « négocier un accord de paix au Moyen-Orient ». Concocter un accord entre les Palestiniens et les Israéliens est une tâche « colossale », et Trump le sait. Mais cette tâche pourrait devenir plus aisée pour Kushner s'il nomme en parallèle un autre envoyé.
Les États-Unis ont besoin de quelqu'un pour négocier un accord de paix entre les Palestiniens eux-mêmes.
Le conflit israélo-palestinien est un point mort bipartisan. Les deux dernières administrations présidentielles américaines ont travaillé afin de parvenir à une solution à deux États sans songer sérieusement à résoudre le scénario actuel à trois États. En effet, Israël est actuellement pris en sandwich entre deux États palestiniens distincts : L'un en Cisjordanie dirigé par l'Autorité palestinienne et l'autre dans la bande de Gaza gouverné par le Hamas. Le gouvernement de Cisjordanie est théoriquement ouvert à conclure un accord avec Israël, mais refuse jusqu'à présent de l'implémenter. Le gouvernement de Gaza ne cherche rien de moins que l'anéantissement d'Israël basé sur des motifs religieux et nationalistes. Les deux régimes affirment qu'ils parlent au nom des Palestiniens.
La faction nominalement laïque du Fatah, qui est le parti politique dominant dans l'Autorité palestinienne, et le groupe islamiste belliciste du Hamas rivalisent pour le pouvoir depuis la première intifada de 1987. En fait, la vague des attentats-suicides du Hamas des années 1990 pouvait avoir aussi pour cible une tentative de délégitimation de l'Autorité palestinienne tout en œuvrant au déraillement des négociations de paix en cours.
L'administration de George W. Bush, qui avait pour intention de propager la démocratie dans le monde arabe, a encouragé les deux factions à participer aux élections de 2006. Le Hamas les remporta, mais l'Autorité palestinienne refusa de permettre au groupe terroriste de gouverner. Les tensions avaient atteint leur sommet en 2007 lorsque le Hamas lança un conflit armé, arrachant le contrôle de la bande de Gaza des mains de l'Autorité palestinienne. L'Autorité palestinienne s'accroche encore au pouvoir en Cisjordanie alors que le Hamas contrôle aujourd'hui la bande de Gaza. Les deux sont des despotes violents, craignant que l'autre ne tente de consolider le pouvoir à travers la scission palestinienne.
Alors que Washington s'acharne à réhabiliter le Fatah aux dépens du Hamas au fil des ans, elle s'est très peu attaquée au problème frontal. En revanche, l'Égypte, la Syrie, le Yémen, le Qatar et l'Arabie saoudite ont tous essayé de négocier des accords de partage du pouvoir entre les deux parties palestiniennes. Plus récemment, la Russie et la Suisse ont mis la main à la pâte. Les Russes ont probablement cru qu'ils avaient réussi la semaine dernière lorsque le Hamas et le Fatah avaient accepté un «nouveau conseil national». Mais les nouvelles parvenues au sein des rapports rapportent que le Hamas et le Fatah s'accusaient mutuellement d'avoir procédé à des arrestations «politiquement motivées» sur leurs territoires respectifs. Comme prévu, le prétendu accord obtenu à Moscou était encore une fausse alerte.
Nous devons toutefois rendre hommage à ces gouvernements. Ils ont compris que le conflit de faible intensité entre les deux territoires palestiniens les plus puissants rend impossible un accord de paix avec Israël. En effet, ils ont aussi assimilé que les Palestiniens manquent de leader légitime capable de représenter les deux territoires ou de s'engager dans une diplomatie productive avec Israël.
Au lieu de s'attaquer à la scission géopolitique qui rend tout leader palestinien inapte à signer un accord de paix avec Israël, l'administration d'Obama avait mis m'accent sur les implantations les accusant d'être le principal obstacle à la paix. Cette question pourrait être abordée ultérieurement. Il est inutile de s'attarder sur la progression de la charrue avant celle du cheval.
Tout effort diplomatique visant à mettre fin au conflit entre Palestiniens et Israéliens incluant la Cisjordanie, la Bande de Gaza et Israël doit d'abord trouver une solution pour résoudre le conflit interne palestinien. De là, une négociation bilatérale pourra s'engager entre deux dirigeants - un palestinien et un israélien - qui représentent légitimement leur peuple.
Il ne sera certes guère aisé de négocier la paix entre les Palestiniens. Les deux partis nourrissent réciproquement une haine idéologique, égale sinon plus grande que celle existant entre les Palestiniens et les Israéliens. Nul ne peut oublier leurs douloureux souvenirs du sanglant conflit de Gaza en 2007.
Aux responsables américains, il représente aussi un défi diplomatique et légal, qui leur commande d'éviter des relations directes avec le Hamas. Tout au long des ans, il y eut quelques bredouillements de diplomatie occasionnelle entre les groupes de réflexion américains et le groupe terroriste palestinien. Ce pourrait être un angle à explorer. Mais même les messages indirects adressés au Hamas ne devraient pas signifier son acceptation. Le groupe doit se désarmer, abandonner son contrôle de la bande de Gaza et permettre à un seul gouvernement de l'Autorité palestinienne de diriger.
Si Trump sonde la prise d'une initiative audacieuse dans ses cent premiers jours, il devrait nommer un envoyé spécial pour d'abord résoudre le conflit palestinien. Ce faisant, son message serait clair : les États-Unis sont engagés à la diplomatie entre les Palestiniens et les Israéliens, laquelle repose sur une solution au conflit interne palestinien de longue date.