L'administration d'Obama aurait cherché à aider l'Iran à tirer profit de l'accord sur le nucléaire de 2015, nous révèle une enquête du Sénat menée par les républicains la semaine dernière. Le rapport soulève également des questions sur le rôle joué par Oman, un sultanat si peu connu et stratégiquement localisé.
Durant la période précédant l'accord sur le nucléaire, les responsables de l'Administration avaient promis que l'Iran n'aurait jamais accès au système financier américain. Mais l'équipe d'Obama cherchait désespérément à faire en sorte que l'Iran, un paria de la communauté bancaire, voit certains avantages matériels de l'accord. Entre autres choses, ils avaient cherché à convertir 5,7 milliards de dollars en rials omanais détenus par l'Iran - monnaie décidément non liquide - en euros.
Le problème était que les rials devaient d'abord être convertis en dollars américains. Sous le régime des sanctions, cela exigeait une licence du Trésor américain. Selon le rapport du Sénat, le Trésor aurait émis la licence, puis aurait demandé à deux banques américaines de travailler avec Bank Muscat pour traiter les transactions. Mais les banques américaines ont rechigné, craignant les risques juridiques et de renom de maintenir des transactions avec l'Iran. Oman a alors eu recours à l'achat de petites quantités d'euros qu'il pourrait transférer en Iran. On ne sait pas si l'Iran a reçu tous les 5,7 milliards de dollars.
Pourquoi Oman? Entre 2012 et 2015, le pays a été le site où les pourparlers entre l'Iran et les autres parties sur l'accord nucléaire, avaient tenus place. L'administration d'Obama a glorifié les contributions d'Oman à l'accord, alors que certains voisins du sultanat considéraient que sa politique envers l'Iran était trop accommodante. Les Omanais, moins puissants et moins riches en pétrole que les autres États arabes du Golfe, ont longtemps soutenu qu'ils n'avaient d'autre choix que de jouer le rôle de pacificateur. Mais cela n'explique nullement certains agissements récents d'Oman.
En 2016, Reuters rapportait que l'Iran faisait passer clandestinement des armes par Oman aux rebelles houthis qui combattaient le gouvernement soutenu par l'Arabie saoudite au Yémen. Les envois auraient comporté des projectils téléguidés contre les navires, d'autres surface-surface à courte portée, des armes légères, des explosifs et des véhicules aériens sans pilote. Toutes les livraisons d'armes aux Houthis violent l'embargo sur les armes décrété par le Conseil de sécurité des Nations Unies en 2015.
En mars 2017, Conflict Armament Research, organisation non gouvernementale basée au Royaume-Uni, signalait que les UAV utilisés par les Houthis étaient entrés au Yémen par Oman. Dans un rapport de janvier 2018, le panel d'experts du Conseil de sécurité sur le Yémen a affirmé qu'une route terrestre à travers Oman était l'explication «la plus probable» à l'arrivée des missiles Burkan-2H au Yémen. La deuxième explication la plus probable, selon le rapport, était que le port de Salalah à Oman était le point de transbordement, en raison de ses protocoles d'inspection laxistes. Les autorités yéménites locales ont également saisi une camionnette le 9 mai 2017, au poste frontalier avec Oman. Le camion contenait 3,42 millions de dollars en devises et en or.
Le plus troublant apparemment, est la compagnie aérienne syrienne Cham Wings qui maintient des vols entre Damas, en Syrie, et Muscat, la capitale omanaise, en 2015. Le Trésor a imposé des sanctions aux Cham Wings en 2016 pour le terrorisme et la prolifération des armes. Il est possible que la compagnie aérienne ait transféré des armes, des pièces d'échanges, du personnel ou de l'argent à Oman en provenance de Syrie pour le transbordement au Yémen. Autrement, nous ignorons pourquoi ce pont aérien aurait été établi. Comme l'a récemment observé le sous-secrétaire au Trésor, Sigal Mandelker, « les gens ne se rendent pas en vacances en Syrie ».
Il n'y a aucune preuve que les autorités omanaises se soient engagées directement dans des activités illicites au nom de l'Iran. Mais les autorités américaines ont fait part de leurs préoccupations aux autorités omanaises à plusieurs reprises depuis 2016. Les Saoudiens, les Yéménites, les Emiratis et les Israéliens ont également exprimé leurs préoccupations. Les responsables omanais nient catégoriquement l'existence d'un problème.
Alors que la plupart des Américains ne peuvent probablement pas pointer le doigt vers Oman sur une carte, le pays joue un rôle important dans la préservation des intérêts des États-Unis au Moyen-Orient. Oman a permis aux États-Unis d'utiliser ses bases militaires depuis 1980. Le pays est également crucial parce qu'Oman, avec l'Iran, contrôle les routes pétrolières dans le détroit d'Ormuz.
Le président Trump a procédé à un renversement presque total de la politique américaine envers l'Iran. Oman est dans la position peu enviable de devoir s'adapter à cette nouvelle réalité. Les responsables américains devraient être sympathiques, mais pas si Muscat ferme les yeux sur la contrebande d'armes iraniennes sur son sol.