Les politiques laxistes aux frontières de la Turquie ont permis à l'ISIS de financer et d'armer ses combattants en Syrie. À l'heure actuelle, les cellules de l'ISIS opèrent dans toute la Turquie. Et la Turquie a également aidé l'Iran, état qui soutient le terrorisme, contourne les sanctions allant jusqu'à l'ordre de milliards de dollars entre 2012 et 2013. Pourtant, cette semaine, la Turquie a présidé le Forum mondial contre le terrorisme à New York.
Ce sujet aurait pu servir d'élément au journal L'oignon - sauf qu'il ne s'agit nullement d'une satire.
Lancé en 2011, suite à l'échec des groupes multilatéraux antérieurs contre le terrorisme, le GCTF, formé par 30 pays est devenu lui-même une farce – non moins parce que la Turquie en est le co-président avec les États-Unis.
La Turquie détient cet honneur en raison de ses qualités rares : Il s'agit d'un pays musulman, allié de confiance des États-Unis et de l'OTAN. Mais il est aussi devenu une plaque tournante pour le recrutement et le soutien du terrorisme – dont nul doute celui de l'ISIS, comme le rapporte le New York Times.
Pourtant, le GCTF favorise la Turquie dans le cadre de la solution, plutôt que du pan central du problème - pas plus que les problèmes nouveaux. En 2012, la Turquie a empêché Israël de rejoindre le GCTF, en dépit de sa vaste expérience et de son intelligence anti-terroriste.
Tout aussi absurde, parmi les membres du GCTF on compte le Qatar, l'Arabie saoudite et le Pakistan - tous les trois financent ou parrainent le terrorisme.
Le Qatar est le siège de Hamas. C'était aussi le nid de l'ambassade des Taliban et il fournit des fonds à certaines factions djihadistes des plus meurtrières en Syrie.
Le Pakistan a parrainé les talibans et continue de parrainer les islamistes en Afghanistan et en Inde. Les Saoudiens financent les institutions wahhabites dans le monde entier, pour le «pré-recrutement» du terrorisme islamiste.
Et tout comme nous permettons à ces « amiennemies » de poursuivre cette activité en toute impunité, Washington refuse de faire face au problème du terrorisme de la Turquie.
La Maison Blanche n'a pas réprimandé Ankara pour avoir accordé refuge à Saleh al-Arouri, membre du Hamas, responsable de l'enlèvement et meurtre de trois adolescents israéliens cet été. (Les Israéliens l'ont identifié aussi comme l'homme derrière un complot visant à renverser l'Autorité Palestinienne en Cisjordanie cet été.)
De même, Washington a choisi de donner à la Turquie un laissez-passer gratuit pour aider l'Iran à contourner les sanctions : L'offre « du gaz pour de l'or » d'Ankara en 2012 et 2013 a contribué au gain $ 12 à 13 milliards de dollars à Téhéran, quand le monde essayait de convaincre les mollahs d'abandonner leur quête d'armes nucléaires.
La fuite d'un rapport d'un procureur d'Istanbul cette année insinue que les entreprises turques et les banques ont facilité encore 120 milliards de dollars en transactions illicites.
Le GCTF a considéré et discuté cette semaine les meilleurs moyens pour lutter contre le phénomène des combattants étrangers. Néanmoins, l'Est de la Turquie est devenu la porte d'entrée principale du flot des Moyen-Orientaux et des Européens qui s'assemblent pour rejoindre l'ISIS.
Bien que Washington ait prié Ankarade se joindre à la coalition anti-ISIS - et l'assentiment du président Recip Tayyep Erdogan de cette semaine, nul ne sait exactement quel genre d'aire il fournira.
Entre-temps, durant le week-end, la Turquie a réussi à libérer 46 otages turcs de l'ISIS - en échange de son aide pour libérer les 50 combattants de l'ISIS capturés par une autre faction syrienne, Liwa al-Tawhid. En d'autres termes, la Turquie négocie avec un ennemi, que les USA sont en train de combattre.
Il est également intéressant de noter que la Turquie ne s'est pas conformée pendant sept ans, au Groupe d'Action Financière, organisme international qui établit les normes pour la lutte contre le financement du terrorisme.
Le Forum mondial pour la lutte contre le terrorisme est un peu comme le GAFI - une autre instance internationale anti-terroriste qui ne réussit pas à faire respecter ses normes. Le GCTF toutefois, ne contraint pas ses membres à se plier à ses normes. Si c'était le cas, la Turquie aurait été certainement disqualifiée.
Que les USA continuent à promouvoir le GCTF révèle un manque de sérieux américain dans la lutte contre l'État islamique et d'autres groupes terroristes. Si les USA étaient sérieux, ils n'auraient pas en premier lieu, accepté la Turquie comme partenaire.