Tôt le mardi matin, deux hommes palestiniens du quartier de Jabel Mukaber à l'est de Jérusalem, se sont précipités dans une synagogue de Har Nof - quartier assoupi à l'ouest de Jérusalem - et ont procédé à une série atroce de meurtres. Armés de fusils, de couteaux et de machettes, les deux hommes ont tué quatre rabbins - trois israélo-américains et un israélo-britannique - avant d'être abattus par la police israélienne. L'attaque, qui a également coûté la vie à un policier israélien, a été la plus meurtrière d'une série d'attaques récentes de «loups solitaires» contre les israéliens de Jérusalem.
La réponse israélienne a été fulgurante. L'armée israélienne a ordonné la démolition des demeures des auteurs de ces massacres. La police israélienne des frontières a bloqué l'accès à plusieurs quartiers de l'est de Jérusalem, connus comme ruches des récents conflits. Simultanément, les services de sécurité israéliens ont mené des raids dans plusieurs villes de la Cisjordanie.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a condamné les attaques et a accusé le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas d'incitation à la violence en cours à Jérusalem. De même, le secrétaire d'état américain John Kerry a condamné la « brutalité insensée» et appelé Abbas à faire de même.
Abbas ne pouvant plus se dérober, émit sa première condamnation de toute attaque à Jérusalem depuis le début des troubles le mois dernier. En effet, le vieillissant leader palestinien déambule sur une corde raide. D'une part, les loups solitaires ne sont pas par définition sous le contrôle de M. Abbas, ni ne le sont les autres organisations politiques palestiniennes. Et il est vrai aussi qu'Abbas n'a pas été la force motrice de l'agitation actuelle à Jérusalem. Mais en même temps, il ne semble pas vouloir faire un effort pour bénéficier des tensions, cherchant apparemment à surfer sur cette vague de ferveur nationaliste.
Néanmoins, Abbas opère aussi à partir d'une position politique de force. L'Occident lui a fait confiance parce qu'il avait mis un terme à la violence de la deuxième Intifada ou soulèvement (2000-2005). Les Israéliens ont besoin de lui parce que ses forces en Cisjordanie coopèrent avec les israéliens sur un éventail de questions sécuritaires. À bien des égards, Abbas est responsable de la prévention d'une troisième intifada en Cisjordanie, territoire qu'il contrôle.
Il faut reconnaitre qu'Israël et les USA ont mal géré leurs relations avec l'Autorité palestinienne, doublant leur mise sur un système qui a échoué dans l'investissement d'une bonne gouvernance palestinienne, et encore moins dans celle d'un nouveau leadership. En conséquence, ils ne possèdent aucun effet de levier pour modérer sa rhétorique, et encore moins, de menace de l'évincer du pouvoir.
En fin de compte, la question qui demeure est de savoir si le dirigeant palestinien possède effectivement la capacité de susciter la stabilité à Jérusalem. Même si les Palestiniens revendiquent la ville comme leur capitale, Jérusalem est au-delà de la compétence de M. Abbas. En outre, Abbas est maintenant neuf ans dans un mandat de quatre ans, et sa popularité est visiblement au déclin.
Abbas, âgé de 79 ans, pense probablement à son héritage après une décennie ou presque, de vains pourparlers de paix et de querelles intestines qui n'ont fait que diviser le peuple palestinien, politiquement et géographiquement. La question clé est de savoir si Abbas croit qu'il peut ressusciter sa fortune politique dans la rue palestinienne en soutenant les troubles à Jérusalem. S'il le fait, la voie vers la désescalade est très sombre.
Et si Abbas n'est pas la réponse adéquate à ce conflit, l'astuce des responsables politiques américains et israéliens serait d'être en mesure d'identifier qui d'autre le serait. C'est néanmoins, loin d'être clair qui pourrait bien être cette personne.