Les liens de la Turquie avec le Hamas, groupe terroriste palestinien, sont de nouveau sous le feu des projecteurs. Les autorités israéliennes ont affirmé cette semaine que deux organismes de bienfaisance ayant des liens étroits avec l'élite dirigeante d'Ankara fournissaient un soutien financier et militaire à la faction islamiste basée à Gaza.
Le Shin Bet, agence de sécurité intérieure israélienne a annoncé plus tôt cette semaine que Muhammad Murtaja, le coordinateur de Gaza de l'Agence turque de coopération et de développement (TIKA), a été arrêté le mois dernier alors qu'il tentait de se rendre de en Turquie à partir de Gaza. Murtaja est accusé de détournement de fonds alloués à la charité, au Hamas. Il est également soupçonné d'avoir fourni des renseignements sensibles au groupe terroriste, dont des informations sur les sites militaires à l'intérieur d'Israël. Murtaja est considéré comme un membre des Brigades Izz ad-Din al-Qassam, l'aile militaire du Hamas.
Après l'annonce concernant Murtaja, le Shin Bet a aussi révélé que le Hamas travaillait également avec un autre organisme de bienfaisance ayant des liens étroits avec l'élite dirigeante à Ankara, l'IHH (Insani Yardim Vakfi), afin d'accéder à des programmes plus sophistiqués de cartographie satellitaire pour améliorer la précision de ses roquettes. L'IHH a publié une déclaration affirmant qu'Israël nivèle ses accusations portées à des organisations humanitaires comme justification pour couper l'aide aux Gazaouis dans le besoin.
L'IHH était le coordinateur de la flottille de 2010 à Gaza qui avait culminé en un affrontement entre des activistes et des commandos navals israéliens en Méditerranée. Le groupe a également été accusé ces dernières années de soutenir des causes extrémistes islamiques en Bosnie-Herzégovine et en Syrie.
Les liens de la Turquie avec le Hamas sont maintenant bien connus.En dépit de son statut d'allié de l'OTAN, Ankara a fourni un soutien financier au groupe terroriste pendant au moins une demi-décennie. Il a de même permis aux hauts responsables du Hamas d'opérer sur le sol turc. L'enlèvement et l'assassinat de trois adolescents israéliens en 2014 ont été planifiés et financés par Saleh Arouri, figure militaire du Hamas, qui fonctionnait sur le sol turc avant d'être désigné terroriste par le Trésor américain en 2015.
La flottille de 2010 a placé Israël et la Turquie sur une trajectoire de collision. Le soutien turc au Hamas n'a fait que renforcer ces tensions. Les liens sont restés tendus jusqu'en juillet de l'année dernière, lorsque les deux pays ont accepté de se réconcilier. Avec l'instabilité régionale à un niveau record, ni l'un ni l'autre pays n'a jugé ont jugé nécessaire de poursuivre la prise de bec.
S'exprimant hier à Washington D.C, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a noté que les relations Turquie-Israël sont demeurées positives. Mais comme le révèlent les récentes annonces de Shin Bet, l'accord de rapprochement de 2016 n'a pas résolu le problème primordial. Le soutien de la Turquie aux activités politiques et militaires du Hamas - par le biais d'ONG ou d'autres moyens – se perpétue apparemment sans répit.